Le sujet de ma communication concerne la tendance de présenter le réel indirectement, par le biais de prismes divers. Plus précisément, j’ai été sensible à la façon dont l’esthétique réaliste témoigne d’un va-et-vient entre l’ambition épistémologique de peindre le réel directement (selon l’idée d’un mimétisme parfait : le miroir de Stendhal, la représentation exacte de Duranty, l’écran de Zola, etc.) et celle de faire paraître ou apparaître le réel « négativement » (selon l’idée d’une désillusion : la réalité n’est pas ce que croit Emma Bovary, ni ce que pensent maints personnages chez Maupassant, etc.) ; entre la volonté esthétique de peindre l’individu (l’homme tel qu’il est) tout en n’échappant ni au social (le personnage représentant une classe sociale ou un métier) ni au littéraire (le personnage-type, le rôle thématique) ; entre le vacillement stylistique des descriptions directes, dénotatives, référentielles (« L’avocat portait une cravate de soie noire ») et celles médiatisées par d’autres références s’insérant entre l’écriture et le réel (« À le voir, on aurait dit un portrait de Rembrandt »). L’objectif de ma communication sera d’élucider les implications de cette triple problématique pour l’étude du réalisme littéraire. Il me semble en effet important de souligner (et de réfléchir sur) l’existence de ce « mimétisme indirect », aspect souvent passé sous silence au profit d’un discours critique – certes non erroné mais parfois quelque peu réducteur – se centrant de préférence sur la vraisemblance, l’effet de réel, la documentation, l’observation, etc.