Il manquait un véritable ouvrage de synthèse capable d’allier subtilement la philosophie politique du référendum à l’étude de ses conditions institutionnelles (p. 10). En effet, mis à part quelques études comparatives, le référendum apparaît quelque peu comme le parent pauvre de la sociologie politique[1]. Et pour cause, le référendum est souvent perçu comme une forme de plébiscite prisée par les régimes autoritaires et les partis populistes, ce qui explique le fait que les chercheurs aient tendance à le bouder (p. 179). Laurence Morel pointe notamment la méfiance vis-à-vis des référendums par les deux principaux courants de la théorie démocratique, les élitistes s’interrogeant sur la légitimité des décisions populaires et les participationnistes posant le problème de la qualité démocratique des délibérations (p. 187). Le référendum et l’initiative populaire peuvent-ils démocratiser les institutions de démocratie représentative ? Peuvent-ils contribuer à résoudre des conflits sociaux ?

[1] Voir Laurence Morel, Matt Qvortrup (dir.), The Routledge Handbook to Referendums and Direct Democracy, New York, Routledge, 2018 ; David Butler, Austin Ranney (dir.), Referendums Around The World. The Growing Use of Direct Democracy, Basingstoke, Macmillan Press, 1994.